Cette fois-ci, juste un coup de coeur, un coup de bonheur !
Ce soir, je suis heureuse ... J'ai retrouvé ma meilleure amie, celle de mes15 ans à Djibouti ...
C'était MA POTESSE !
Ma Locomotive car plus intrépide que moi
Ma confidente (toujours compréhensive) qui savait m'écouter - un don rare-
Ma consolatrice (ouf du vent disait-elle quand quelque chose m'avait touchée) ... Personne ne me consolait comme elle.
C'était mon Ange Gardien, elle me protégeait, me remontait le moral. Elle était toujours positive, toujours pleine de joie, toujours souriante ...
On pouvait discuter des heures sans se lasser. Nous nous comprenions, nous nous ressemblions ...
Et voilà que je l'ai revue !
Et tout est reparti comme avant ... Les années ont disparu comme par miracle ... C'était comme si l'on s'était quitté la veille ...
Les amitiés d'adolescence sont naturelles, spontanées, franches ... On ne se cache pas, on ne fait pas semblant ... Tout coule de source... tout glisse ... La vie ne nous a pas encore rendues plus fragiles, plus méfiantes ... On donne son amitié dans toute la spontanéité de sa jeunesse. Rien n'est calculé, on se montre telle que l'on est ... Ce sont des amitiés uniques ...
Avec Valérie, j'ai oublié que j'étais une mère, que j'étais une femme, je suis redevenue une ado ... Et ce qui me rassure ... c'est qu'au fond, la vie peut bien nous marquer, nous toucher, nous blesser, nous changer, celle que l'on a été revient à la surface sans crier gare ...
Ces jours-ci, j'ai été celle qui avec Valérie traversait Djibouti la nuit de long en large en mobylette, en criant à tue-tête, en zigzagant dangereusement entre les voitures. Celle avec qui avait Valérie avait essayé d''entrer en boite en passant par un passage secret et qui s'était fait lamentablement attrapée ... Celle qui soupirait sur un jeune homme dont l'amie justement ramassait les soupirs :).... J'ai été la gamine qui dessinait des marguerites "je l'aime un peu, beaucoup ..."sur les tables d'école. Celle qui comptait sur un papier toutes les "aspirations salivaires" de sa prof de français .... ! Celle qui tirait les cartes ..qui appelait les "esprits" avec son accolyte. .. Celle qui ... celle que ...Celle qui finalement était si bien avec son double, sa jumelle ...
Je la revois klaxonner en bas de ma fenêtre "Algérie française", elle est pied-noir comme moi :) quand elle venait me chercher ... Je la revois arrivée, toute excitée parce que "il m'a regardé, je lui plais, je lui plais !". Je l'entends me dire "tu vas voir, je vais t'aider pour que tu sortes avec lui" ...et puis tant de choses, tant de souvenirs qui reviennent en plein coeur.... Des événements, des gens que l'on croyait oubliés et qui reviennent au coin d'une conversation ... Des situations qui nous font encore rire des années après ... Et puis, pas de gêne, pas de silence gêné, pas de non dit ... On sait que l'on peut se parler, que l'on ne se vexera pas, que l'on ne se fâchera pas puisque l'on se connait si bien ... On peut être soi-même ... Quel bonheur de ne plus se retenir parce que ça ne se fait pas ou ça ne se dit pas ! Quelle joie de laisser au vestaires son costume d'adulte sage et raisonnable ...
Tout à l'heure, alors que je l'attendais, j'ai entendu son klaxon "Algérie Française" et mon coeur s'est rempli de joie et d'émotion !
Je l'ai retrouvée dans certaines de ses mimiques, dans certains de ses gestes, dans ses expressions, dans cette joie de vivre à tout crin, dans cet amour de la vie ... C'était bien elle, toujours elle, et ni les rides, ni le temps n'ont rien pu y changer ...
Ce soir, je suis heureuse ... J'ai revu MA POTESSE et je me suis rappelée que je l'aimais ...
Oui ce soir, la vie est belle ....