CASA ...
"Je suis bouleversé tant ce pays respire la jeunesse et la vie.
Casablanca ? C'est la foi dans le présent, c'est l'espérance dans l'avenir, c'est l'élan qui transforme de fond en comble le vieux Maghreb.
Casablanca, c'est l'âme du Maroc nouveau".
Vincent Berger - "L'appel du sud" - 1937
Il parait que l'on est du pays où l'on a passé les sept premières années de sa vie ... Je ne sais pas si cela a été vérifié. Mais moi, quand on me demande d'où je suis, je réponds spontanément "du Maroc" ! Et pourtant, mon père est français, ma mère est espagnole et j'ai beaucoup voyagé, donc je pourrai me sentir de partout, et bien non, je suis du Maroc.
Nous sommes du côté maternel une vieille famille pied-noir du Maroc. J'y suis née, j'y ai vécu, j'y suis retournée chaque vacance scolaire, j'y ai étudié (maternelle et 3ème), ma famille se trouve encore là-bas et j'y retourne quand je le peux.
Je suis née à Casa, Casablanca, Dar El Beïda, je suis une Bidaouia et fière de l'être :) ! J'aime Casa ... Certes, ce n'est pas une des plus belles villes du Maroc, ni la plus touristique. Les gens n'en ont que pour Marrakech ou Fès mais tant mieux,
Casa garde ainsi son authenticité.
Quand je revenais à Casa et que je retrouvais l'odeur des poivrons grillés sur le "canoun", je savais que j'étais rentrée chez moi ! Quel bonheur intense de retrouver ma rue, les commerçants qui m'avaient connue petite, le concierge avec son turban sur la tête qui, petite fille, m'effrayait, et m'accueillait toujours avec un grand sourire, l'épicier Mergui qui me donnait des chewing-gum noirs à la réglisse en cadeau de bienvenue ...J'étais heureuse que l'on me reconnaisse et que l'on me fasse fête .. Je retrouvais enfin mes racines ...
Le petit magasin de vêtements de mon grand-père, des vêtements bien coupés, classiques ... J'adorais y aller, monter à l'étage et jouer avec ses vieilles pièces de monnaie dont une ou deux datait de Napoléon, et sa collection de timbres ... C'est de là que vient mon goût pour la philatélie. J'aimais voir son vieux copain Juif Salomon partir dans des discussions interminables, vite rejoint par d'autres amis, se disputer avec lui autour d'un café que le moutchou du bar voisin leur avait apporté...
J'adorais les tablées qui duraient tard dans la nuit avec les amis de la famille, les panachés avec de la vraie limonade, les fèves au cumin, les petites fritures de poisson, la tchouchouka, le "Chaud Soleil" .... Il y avait de la joie, des rires aux toujours mêmes histoires drôles, on critiquait un tel qui se mettait du cirage sur la tête pour cacher la perte de ses cheveux, on imitait l'autre qui chantait faux et en grimaçant... et on s'amusait et la joie régnait et pour moi c'était le Bonheur ...
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