Djibouti suite et fin.
Djibouti ville ... au style colonial ... avec ses maisons construites en arcades ... la Place Ménélik avec son célèbre bar «Le Palmier en Zinc » ... démoli quelques années plus tard... tristesse ... Mon lycée ... mes copains retrouvés 25 ans plus tard ... bonheur .... Souvenirs doux au cœur ...
La grande Mosquée sur la place Rimbaud et l'appel du muezzin ... tous les jours à la même heure ...
La « Rue des Mouches » qui fourmille de tailleurs en plein air ... vendeurs ambulants avec des brouettes remplis de vêtements .... Couturiers utilisant des machines à coudre du siècle passé .... Petits gamins avec une caisse en carton accrochée au cou remplie de cigarettes ou de cornets de cacahouètes qui vous poursuivent inlassablement « achète ... achète stp... » ... Les dattes énormes sur les étals qui suintaient de sucre sous le soleil et où les mouches s'agglutinaient .... Mais si bonnes malgré tout ...
Le restaurant « Chez Youssouf» où les l'on mangeait d'énormes poissons sur du papier journal en guise d'assiette ... et des crèpes au miel pour dessert.... Quel délice !... Les Caisses où mon chewi -désargenté- m'emmenait manger des brochettes grillées avec quelques doutes sur l'allumage du barbecue ! au pétrole ?... Nostalgie de nos débuts ....
Le Héron où je vivais... face à la mer .... Retour de classe.... Cartables balancés dans un coin et baignade ... Trop ! Je redouble ma seconde ! ... Le « Chaï » thé noir avec du lait ... parfumé à la cardamome, cannelle, girofle très, très sucré et brûlant ... les sandwichs au foie, oignons, sauce piquante ... Le what ... plat national éthiopien avec ses crèpes d'ingera que l'on dégustait dans des mazobs (tables traditionnelles en paille multicolore)... au goût acidulé ... Je n'ai plus jamais retrouvé cette saveur ...
Les Djiboutiennes ... dignes et fières...visages au traits fins ... au port de tête fier qui déambulent habillées de diri (voile transparent) et laissant voir, coquettes, leur jupon (gogari) en dentelle dépasser... laissant des sillages de parfums (fooh, jaawi, maskati ...) sur leur passage ... les hommes : les warias en futa à carreaux drapés sur les jambes ...
Les charcharis ... ces femmes qui vendent des bijoux et changent de l'argent de tous les pays avoisinants. Vers la fin de l'après-midi, les vendeuses de khat apparaissent ... Le « khat » (Catha Edulis) dont les feuilles contiennent une substance hallucinogène... les Djiboutiens en sont friands ... le brouter provoque un sentiment d'exhaltation dit-on ...
Tadjourah, au nord de Djibouti, petit village dont mon père était le maire ... cabris en guise de cadeaux qu'on libérait sitôt le villageois parti ... Et pourtant le khobol : méchoui de cabri farci de riz et d'abats pimentés c'était si bon ...
Une virée à Khorombado en 4/4 ... Cette montagne pleine de rochers et de grosses pierres et la voiture qui glissait en arrière et refusait de grimper ... grosse frayeur mais rires : insouciance de la jeunesse ... Des toukouls (habitats des nomades Afars disséminés ça et là) ... des dromadaires et l'aridité de cette terre si belle pourtant ...
Djibouti ... 10 ans de ma vie ... énorme chagrin quand je t'ai laissé ... Tendresse de ces années magiques ... Jamais, jamais je n'ai pu t'oublier ... Nostalgie tandis que j'écris ces lignes ... J'avais oublié que je t'aimais autant...